Origine

Rien. Un élément. Rien

Deux éléments. Identiques ou différents, s’ils n’interagissent pas, il n’y a rien.

Interagir, émettre, capter, modifier sa course. Prouver son existence, tenir compte de celle de l’autre.

La course est l’expression de l’être. Un transfert d’énergie.

Dans un ensemble fermé contenant quelques éléments et suffisamment d’énergie, toutes les possibilités d’interactions seront explorés, s’il y a assez de temps.

Chaque interaction modifie l’ensemble, chacune est cause et chacune est effet.

Avec assez de temps, toutes les conséquences seront explorées.

Il y aura des éléments qui s’assemblent, d’autres qui se repoussent, certains qui se séparent, d’autres qui s’anéantissent.

Il y aura des assemblages qui croitront, d’autres qui diminueront.

Des assemblages nombreux et d’autres rares, certains uniques.

Il y aura des systèmes qui se mettront en place et d’autre qui se dissiperont.

Dans un temps très éloigné de l’origine, des systèmes très complexes existeront. Ces systèmes seront très adaptés à leur environnement proche, passablement à leur environnement lointain. Certainement plus que les systèmes qui auront cessé d’exister.

Les systèmes nombreux se seront certainement engendrés eux-mêmes, mêmes si les premiers spécimens étaient apparus spontanément. Pour être nombreux, il faut que les conditions de l’apparition d’un seul système se reproduisent souvent. Si tel est le cas, alors le nombre croissant de spécimens bouleversera les conditions de départ, créant une régulation automatique.

Ainsi, si des éléments peuvent interagir, et que suffisamment de temps est laissé, des systèmes complexes surviendront. C’est la vie.

Les systèmes complexes n’ont pas de raison d’être, mais s’ils ne sont pas ou plus adaptés à leur environnement, ils disparaissent ou se transforment.

La survie n’est pas un but, mais une conséquence. Même pas une conséquence de la vie, mais une conséquence de l’observation.

 

Zen et Surhomme

Zen

Recherche de l’acceptation de la réalité, de l’humilité. Le désir, l’opposition à l’état actuel n’apporte qu’insatisfaction, quête perpétuelle. L’abandon des désirs, le silence permet de se sentir partie intégrante de l’infini de la création. Fusion. Unicité.

 

Surhomme

La maîtrise de ses forces intérieures permet au surhomme d’imprimer sa volonté au monde. Capture, analyse, décision, action. But et objectif, vision. Technique, tactique, stratégie, capital expérience. Moi et eux, l’intérieur et l’extérieur. Ce qui est, ce qui pourrait être, ce qui devrait être et ce qui sera.

Vier und siebzig (74)

Etant enfant, en visite chez ma tante dans un canton germanophone, je suis allé assister à l’office religieux. A la fin de la messe, compatissant, je contemplais le vain courage de ces gens qui priaient avec tant de ferveur. Dieu ne pouvait pas les comprendre mieux que moi, il ne parle pas allemand !

Pour l’enfant que j’étais, il n’y avait qu’une seule langue vrai. Toutes les autres n’étaient que des effets stylistiques destinés à se distinguer. Mais le sens des mots et des paroles n’étaient découverts que dans la langue de base, la mienne et celle de Dieu, je vous l’accorde. Ainsi je comprenais que l’on puisse se donner un genre en public, mais au moment de parler à Dieu, ces artifices n’avaient plus de raison d’être. Si ces gens ne pouvaient s’en défaire, alors ils se privaient de l’intimité Divine.

Voilà pour le point de vue.

Plus tard, j’ai aussi appris l’allemand, et même tenté une ou deux autres langues. Ce qui me frappe, et une des difficultés pour les francophones de l’allemand, c’est la façon d’exprimer les chiffres. On dit ainsi vier und siebzig pour septante-quatre. Beaucoup ont énormément de peine avec le renversement du sens de lecture. 1974 se dit et se lit dans le sens de la lecture, de gauche à droite en français, mais en allemand, on a le millier, les centaines, l’unité et les dizaines. C’est une atteinte à la cohérence. Quand on sait que l’on dit en parlant de date: neunzehn hundert vier und siebzig soit neundix cent quatre septante, on aperçoit comme une danse: un pas en arrière, deux en avant et on recommence.

Dans cette comparaison, c’est la version suisse (peut-être canadienne, certainement belge) et non française de 74 qui est utilisée. La version française, soixante-quatorze, donne une toute autre signification à cohérence, bien sûr.

Que dire des langues qui s’écrivent de droite à gauche, de haut en bas? Est-il raisonnable de penser que les langues sont des élaborations différentes des expressions des mêmes réalités? Si tous les humains de la terre voyaient, sentaient, comprenaient, imaginaient les mêmes choses, pourquoi cette profusion de languages?

Ne serait-il pas plus probable que le language se développe à partir du besoin de communiquer une perception de la réalité. Que si des languages si différents existent, c’est parce que les réalités quotidiennes des peuples sont différentes?

Lorsqu’on fait l’effort d’apprendre une autre langue, on découvre souvent un autre aspect de la vie. L’expression allemande est plus factuelle que la française, qui elle est plus émotionnelle. En apprenant cette langue, le cerveau découvre une autre façon de voir la réalité, une autre personnalité. On s’enrichit. Mais on perd une certaine certitude, l’absolu s’en va, c’est la relativité qui naît. Peut-être que l’enfant d’alors s’éloigne de Dieu.